Éducation environnementale : l'exemple du Projet Sénégal Propre et Vert (PSPV)

Plusieurs pays
africains font face à d'importants enjeux de salubrité, surtout dans les
grandes villes où l'accumulation de matières résiduelles détériore la qualité
de vie des populations. Au moment où de nombreux pays africains voient les
matières résiduelles comme un problème, d'autres pays du monde les valorisent
dans une boucle complète d'économie circulaire pour générer de la valeur
ajoutée qui contribue à la croissance économique. Ainsi, les propos que je mets
en valeur dans cette contribution insistent sur la formation des enfants
d'Afrique, dès le bas-âge au primaire, pour leur inculquer les bons
comportements dans leur relation avec les produits de leur milieu. De ce fait,
ils deviennent de grands ambassadeurs de la salubrité et de la protection de
l'environnement, ce qui pourrait à long terme mettre le continent sur la
trajectoire du développement durable.
Au moment où de nombreux pays africains voient les matières résiduelles comme un problème, d'autres pays du monde les valorisent dans une boucle complète d'économie circulaire pour générer de la valeur ajoutée qui contribue à la croissance économique.
Un projet pilote d'éducation environnementale au Sud du Sénégal
Depuis 2017, face aux problèmes environnementaux liés à l'eau, aux déchets, à l'énergie et aux effets de la pollution, l'association CASADES, dont j'assure la présidence nationale, a étroitement collaboré avec la Fondation Happy Green World (HGW) pour implanter l'éducation environnementale dans la région sud du Sénégal (Ziguinchor, Bignona et Oussouye). Il s'agit d'un projet pilote dont l'ambition est de s'étendre à tout le Sénégal, après avoir tiré des enseignements de la phase pilote. À travers trois outils pédagogiques conçus par la fondation HGW, et adaptés au contexte du Sénégal par CASADES, l'objectif de ce projet expérimental est de familiariser les enfants aux déchets ménagers. La démarche consiste à les aider à trouver des solutions à court et long terme aux problèmes environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur milieu de vie. La contribution financière de l'ambassade de Pays-Bas du Sénégal, à la suite d'un concours national, a été un soutien décisif à la mise en œuvre concrète du projet.
Au Sénégal, la situation est que dans la quasi-totalité des villes et villages, les dépôts sauvages d'ordure se multiplient et détériorent l'environnement. Ces déchets, composés principalement de matières organiques, de plastiques et de ferrailles ont fini d'envahir toute l'étendue du territoire sénégalais. Cette prolifération incontrôlée des déchets plastiques est à l'origine de nombreux problèmes environnementaux, mais aussi, impacte négativement sur le cadre de vie et sur la santé des populations. C'est la raison pour laquelle CASADES s'est fondée sur les dispositions légales suivantes pour introduire l'éducation environnementale dans les écoles primaires.
- La loi n° 2015 09 du 04 mai 2015 relative à l'interdiction de la production, de l'importation, de la détention, de la distribution, de l'utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques ;
- La généralisation et la consolidation du Curriculum de l'Ecole de Base CEB avec une prise en compte l'éducation environnementale à travers le domaine Éducation à la Science à la Vie Sociale (ESVS) et précisément le sous-domaine du développement durable. Elle vise à installer chez l'apprenant en fin de cycle élémentaire la compétence interdisciplinaire suivante :« intégrer des notions de base, des mesures préventives, des techniques d'observation et des comportements réfléchis dans des situations de relations humaines, d'analyse et de propositions de solutions pertinentes et durables à des problèmes liés au cadre et aux conditions de vie du milieu ».

Les dispositions institutionnelles ci-dessus évoquées montrent un début de conscience de l'autorité publique à éradiquer ce fléau. Toutefois, aucun accompagnement n'a suivi, car les déchets continuent à envahir les villes et les villages du Sénégal. C'est pourquoi, la mise en œuvre du PSPV, avec un focus sur l'éducation environnementale, constitue une opportunité pour la mise en œuvre concrète de l'éducation environnementale dans le pays. De ce point de vue, avec les enfants constituant des vecteurs efficaces et efficients dans la vulgarisation d'informations, il sera possible de toucher plusieurs familles et atteindre progressivement les communautés de toutes les 14 régions du pays.
Pour accompagner le projet, HGW a mis au point un programme éducatif sur les déchets, sur l'énergie et sur l'eau, disponible en plusieurs langues et avec différentes illustrations. Ce programme Green World sur les déchets est enseigné en Egypte, en Indonésie, en Inde, au Ghana, en Australie, aux Pays-Bas et en Éthiopie.
Cette fondation a développé du matériel pédagogique sur le sujet des déchets pour les écoles primaires et autres établissements d'enseignement. Pendant les cours, les enfants apprennent à réduire, à réutiliser, à recycler, à valoriser les déchets et à adopter un comportement plus durable vis-à-vis des déchets.
Ainsi, le PSPV comprend :
· Un guide d'activités qui comprend 31 activités. Il aborde le concept de réduire, de réutiliser et de recycler les déchets par des activités de sensibilisation, de réflexion et de réalisation.
· Un livre de l'élève qui explique l'origine des matériaux tels que le plastique, le verre, les déchets, le verre et le papier. Il aborde également les effets de ces matériaux sur la nature, les temps de décomposition et les moyens à mettre en œuvre pour réutiliser et recycler les déchets. Les illustrations en couleur montrent comment une ville change progressivement d'une situation d'insalubrité à une situation de salubrité.
· Le jeu de recyclage est basé sur le jeu des serpents et des échelles, où le bon ou le mauvais comportement envers les déchets sera puni ou récompensé en prenant des mesures consistant à reculer, à aller de l'avant ou manquer son tour.
Au total, 2.500 livres de l'élève, 95 guides d'activité pour les enseignants et 500 jeux interactifs pour les enfants ont été fournis aux écoles impliquées dans le projet pilote. Les impacts positifs du projet sur l'éducation des enfants et sur leur milieu de vie ont été notés par l'ensemble des parties prenantes, tel qu'illustré par cette vidéo. Le projet, au regard de son originalité, a été nominé parmi les quatre projets finalistes à Eco Impact Awards du Canada. Ce Prix, de portée fédérale, récompense les projets inspirés par les spécialistes du développement durable dans le domaine de l'environnement au Canada.
